Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/497

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core les ténèbres qui couvrent la question, elle fait positivement échec au fatalisme.

Suivant M. Tissot, toutes les facultés et affections de l’homme se développent en deux séries ascendantes, parallèles, intimement liées l’une et l’autre, et qui enveloppent l’âme comme d’une double chaîne. La première de ces séries est donnée par l’organisme, la seconde par le mouvement de l’esprit. L’une forme, pour ainsi dire, le système de la passivité du moi, l’autre le système de son autonomie.

A ............................... B
Il y a de la matière, ............................... Il y a de la puissance,
des organes, ............................... de la spontanéité,
de la sensibilité, ............................... de l’instinct,
des besoins, ............................... de l’activité,
des affections, ............................... des facultés,
des passions, ............................... de la volonté,
des impressions, ............................... de la délibération,
des influences, ............................... de l’option,
des intuitions, ............................... de l’erreur,
des conceptions, ............................... du remords,
de la mémoire, ............................... de la révolte,
des associations d’idées, ............................... de la résipiscence,
des mobiles, ............................... la foi qu’on est libre,
des motifs, ............................... la haine de toute tyrannie,
Il y a donc de la nécessité. ............................... Il y a donc de l’autonomie.

Ces deux séries se supposent réciproquement, et ne peuvent se passer l’une de l’autre : ainsi il n’y a pas de volonté sans motifs, ni d’intuition sans puissance, ni vice versâ. C’est toujours l’opposition irréductible du moi et du non-moi, qui fait la base de la création, et se montre en plein dans l’humanité.

Or, cette antinomie, quoi qu’on ait dit, ne se résout pas, et tous les efforts tentés dans ce but aboutissent à une escobarderie. Les deux ordres de phénomènes, une fois posés, se déroulent chacun suivant sa loi propre, sans