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CHAPITRE III.

L’homme devant la société. — Loi du respect violée par l’éducation ecclésiastique.

XIX

Qui veut la fin veut le moyen.

Voulons-nous former des citoyens ou des sujets ? des travailleurs ou des gueux ? des héros ou des bons hommes ? Nous avons deux routes à suivre. Si l’éducation procède de la double conscience, ce sera le servilisme et l’hypocrisie, et rien que cela ; si elle a pour point de départ la Justice, sans considération transcendantale, ce sera la liberté et la vertu, et ce ne pourra pas être autre chose.

Quel chemin donc va prendre l’Église ?

À une société telle que l’Église la peut concevoir d’après son dogme, il faut des individus de divers calibres : les uns taillés pour les fonctions serviles et abjectes, qui sont naturellement en plus grand nombre ; les autres pour les conditions moyennes ; quelques-uns pour le commandement, l’administration, la fortune. Tous du reste devront être façonnés de telle sorte, qu’à défaut de zèle leurs intérêts, leurs préjugés, leurs vices même, concourent au but général.

L’éducation ecclésiastique aura donc pour objet :

1o L’enseignement du culte, c’est-à-dire la création dans les âmes d’une seconde conscience, dominant la conscience naturelle : j’ai traité ce point dans la première partie de cette étude ;

2o L’accommodation à l’esprit de l’Église de toutes les études, dites profanes, et, autant que possible, leur suppression, le caractère positif et franc de ces études