Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pure érudition, n’ajouterait rien à ce que je viens d’en dire, et qui en traduit l’idée générale.

Quelques mots seulement sur les deux dernières questions, les plus graves de toutes, de la distinction des personnes relativement à l’union des sexes, et de la monogamie indissoluble.

VI

De temps immémorial, antérieurement à tout souvenir historique, il s’est opéré spontanément, en vue de l’amour et du mariage, un premier triage :

Du père à la fille, du fils à la mère, du frère à la sœur, l’union est interdite ; l’amour répugne : il est regardé comme monstrueux. Pourquoi cette exclusion ?

Dans les sociétés plus avancées la distinction est allée beaucoup plus loin : elle embrasse des classes entières, des nations et des races. Partout le mariage a été défendu de noble à plébéien, d’homme libre à esclave, et la mésalliance notée d’infamie. La loi de Moïse interdit aux Israélites de prendre des épouses parmi les races réprouvées de Chanaan. Plus puissant que la loi de Moïse, l’orgueil du sang et de la couleur empêche de nos jours le croisement, par mariage, entre les blancs et les noirs. À peine si les mulâtres, blanchis par plusieurs générations, osent y prétendre. Sans doute une pareille réprobation est exorbitante ; mais elle a sa cause, elle repose sur un motif plus ou moins compris, plus ou moins judicieusement appliqué : quel est ce motif ?

On a dit, en ce qui touche les degrés de parenté, que la conservation de l’espèce et la paix de la société y étaient également intéressées ; que le croisement des familles est un principe d’ordre autant qu’une loi d’hygiène.

J’admets ces considérations d’utilité publique et sanitaire. Mais je ferai observer qu’il y a dans le sentiment