Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/213

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stupéfait en voyant la peine que se donnent des esprits distingués d’ailleurs pour faire montre sur ce sujet de leur inintelligence. C’est la réflexion que je faisais à propos de MM. Ernest Legouvé et Émile de Girardin : le premier, auteur d’une Histoire très-peu morale des femmes, à laquelle il a dû cependant son entrée à l’Académie ; le second, père d’une idée absurde, déguisée sous ce titre, La Liberté dans le Mariage, ou l’Égalité des enfants devant la mère, avec 400 pages de pièces justificatives empruntées à ce que l’antiquité et le monde moderne, la civilisation et la barbarie, offrent de plus divergent et de plus excentrique.

Conçoit-on des philosophes qui, ayant à dégager la loi de tout un ordre de phénomènes, commencent par déclarer les phénomènes dépourvus de sens, les effacent d’un trait de plume, et substituent au contenu, à la raison des choses, les vaines imaginations de leur philogynie ? Voilà pourtant ce qu’ont fait MM. Legouvé et de Girardin, à la gloire, ils en sont convaincus, et pour le plus grand avantage du beau sexe. Je voudrais que chacun de mes lecteurs eût sous les yeux ces deux compilations, dont tout le mérite est de pouvoir servir de dossier à une théorie du mariage : ce serait le meilleur commentaire des conclusions que nous aurons à prendre.

En voyant à quelle déraison étaient arrivés, sur une question aussi sérieuse, des écrivains à qui la galanterie tient lieu de méthode, j’ai cru qu’il était à propos de rappeler en quelques mots les principes qui nous dirigent.

Du moment que nous nous sommes résolus à demander les lois de la morale, non plus à des spéculations arbitraires ou à des sentimentalités plus aveugles encore, mais aux manifestations comparées de la spontanéité universelle, nous avons dû supposer et nous sup-