Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/287

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il fait l’aveu de ses tribulations charnelles : Il m’a été donné un démon de chair qui me colaphise, dit-il en propres termes. J’aime mieux Anacréon demandant un rafraîchissement à l’amour qui le consume : Couronnez de fleurs fraîches, Ô femmes, ma tête brûlante !… Oui, malgré ses naufrages, ses voyages, ses bastonnades, ses jeûnes, ses veilles, malgré sa prédication incessante, Paul ne peut mentir à la lasciveté proverbiale de sa race. Sa continence obstinée le rend malheureux, atrabilaire, cataleptique ; elle lui donne des hallucinations, de la rage. Que ne met-il en pratique sa maxime : Mieux vaut épouser que brûler ? Que ne prend-il une sœur, une concubine, s’il ne veut une femme solennelle ? Pourquoi ce martyre ridicule, indécent, qui trouble sa raison, nuit à sa liberté et fausse sa vertu ?

La théorie de Paul sur le mariage nous fera peut-être pénétrer ce secret. Elle nous intéresse d’autant plus qu’elle fait loi dans l’Église.

XXXIII

Ceux de Corinthe, ville célèbre de temps immémorial pour la beauté et les talents de ses courtisanes ; où la continence, dit naïvement dom Calmet, était d’une pratique plus difficile que nulle part ailleurs, lui avaient écrit sur le sujet qui intéressait si vivement les néophytes, à savoir la fornication, ou, pour mieux dire, l’amour libre. Les choses allaient loin parmi les frères de Corinthe, puisque, dans le pêle-mêle, le fils prenait la maîtresse du père (I Cor., v).

Que répond le terrible prêcheur, l’apôtre humoriste, savant dans les traditions pharisiennes, qui de plus avait étudié les poëtes et les philosophes grecs ?

Ceux de mes lecteurs qui n’ont jamais lu l’Apôtre ne s’y attendent certainement pas : la pensée de Paul sur le