Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/332

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Mais vous savez mieux que moi, Monseigneur, combien vous êtes loin de cet idéal. Quelle incontinence afflige le clergé, à tous les siècles de son histoire ! Quelle paillardise sacrilége ! Prenez le siècle des agapes ou celui de la gnose ; prenez celui des martyrs ou des solitaires ; celui de Théodora, de Grégoire VII ou des Turlupins ; descendez au schisme d’Avignon, au concile de Constance, à celui de Trente ; poussez, si vous voulez, jusqu’aux jésuites : c’est toujours le même fond de débauche secrète, hypocrite et athée ; toujours la même félonie du prêtre vis-à-vis de la femme, de l’enfant, de la famille, de l’humanité.

En raison de son caractère et de l’autorité qui lui est confiée, le crime du prêtre est un composé de l’inceste, de l’adultère et du viol ; tout ce que l’imagination peut enfanter de plus horrible se trouve réuni dans le prêtre libidineux. Oh ! vous parlez de l’incontinence des philosophes, dont les plus osés ne dépassent guère la limite de ce concubinat que vous bénissiez autrefois ! mais vous, n’avez-vous donc pas de scandales parmi vos lévites et jusque dans le chœur de vos cathédrales !…

Soyez tranquille, Monseigneur ; je connais vos chagrins, et ce n’est pas moi qui ferai retomber sur le corps entier de l’Église le crime de quelques monstres. Je n’irai donc pas, remontant le cours des âges, rappeler çà et là les vieilles turpitudes des cloîtres, le commerce de castrats de la nouvelle Rome, ni la bougrerie de ses cardinaux et de ses papes. Je passe sous silence les gaillardises des révérends Pères du Paraguay, et le concubinage des prêtres dans toute l’Amérique espagnole ; je ne vous citerai même pas, de ce côté de l’Atlantique, ni cet évêque, mort depuis peu, devenu père à lui tout seul d’une compagnie de gardes nationaux ; ni ce curé qui, au vu et au su de ses paroissiens, possède de ses trois filles dix enfants vivants ; ni cet autre, dont vous pourriez dire l’histoire,