Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/345

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votre peau, surtout dans cette expression fière et froide de votre visage endormi, il y avait je ne sais quoi de masculin et de fort qui m’empêchait presque de vous reconnaître. Je trouvais que vous ressembliez à ce bel enfant aux cheveux noirs dont je venais de rêver, et je baisai votre bras en tremblant. Alors vous ouvrîtes les yeux, et votre regard me pénétra d’une honte inconnue ; je me détournai comme si j’avais fait une action coupable. Pourtant aucune pensée impure ne s’était présentée à mon esprit. Comment cela serait-il arrivé ? Je ne savais rien ; je recevais de la nature et de Dieu, mon créateur et mon maître, ma première leçon d’amour, ma première sensation de désir… »


Reconnaissez-vous, à cet agaçant partage, tout rempli de ciel, de Dieu, d’anges, d’extases, de mystères sacrés, de nature, de pudeur, reconnaissez-vous le style de vos mystiques ? Mme Sand a été dévote, et les jésuites ont conservé son estime : elle le raconte dans ses Mémoires. Que dites-vous de cette combinaison érotique, où la fornication, l’inceste, le viol, la tribadie, se trouvent cumulées tout simplement ? Il y a beaucoup de ces simplicités-là dans les romans de George Sand.

Deux femmes, deux sœurs, l’une blonde et joyeuse courtisane, l’autre platonicienne désespérée, ayant je ne sais quoi de masculin, se rendent compte de leur vie. La première soutient la théorie du plaisir comme fin de l’existence ; l’autre, dégoûtée de la chair, ne croit plus à rien, pas même au plaisir. C’est dans le cours de cette conversation que la prostituée raconte de quelle manière elle a perdu son pucelage. La chosette, dirait Tallemant des Réaux, est arrivée ainsi : Pulchérie était couchée auprès de sa sœur… Tenons-la quitte du reste ; donnons-lui même acte qu’aucune pensée impure ne s’était présentée à son esprit.

Mais je vous le demande, pour combien pensez-vous que l’Église soit dans cette description ? Tout se tient,