Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/358

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Que trouvons-nous, à l’analyse, dans cette thèse ?

Comme principes, trois peut-être ;

Comme raisonnement, trois inconséquences ;

Comme conclusion, l’abaissement systématique de l’homme, c’est-à-dire, néant.

Si, dit-on, par le progrès industriel, la dépense de force imposée au travailleur devenait insignifiante ?… — C’est justement la considération que faisait valoir Cabet aux citoyens d’Icarie comme le principe de l’égalité future ; mais c’est aussi ce dont l’économie politique démontre la fausseté matérielle, d’abord par le calcul, puis par l’expérience. Plus l’industrie se perfectionne, plus, sans doute, l’action de l’homme acquiert de puissance, mais plus en même temps il est appelé à travailler et à dépenser de force, de manière que le bénéfice du développement industriel ne se trouve pas dans le repos obtenu, mais dans la somme des produits. Aussi jamais, à aucune époque, on ne travailla autant que de nos jours ; comme nous sommes plus travailleurs que nos pères, nos enfants seront plus travailleurs que nous, et pour eux comme pour nous-mêmes le chômage ira toujours en diminuant. Telle est, quant au progrès de l’industrie et des machines, la vérité. Sans doute elle n’a rien de décourageant pour l’homme ; mais comme l’augmentation du travail suppose un accroissement proportionnel de population, que peut-elle promettre à la femme ? Multiplicabo conceptus tuos.

Si, par le développement de l’instruction, l’inégalité des capacités s’effaçait ?… — Malheureusement l’instruction, en théorie et application, doit être, pour tout individu, encyclopédique ; elle embrasse une suite d’études et de manœuvres dont la femme, par la faiblesse de son cerveau autant que par celle de ses muscles, est incapable. De ce côté encore, rien à espérer pour elle.

Si, par la division du travail et l’équilibre des fonc-