Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/411

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prade, chantres de l’autre monde, qui rêvent de la chute des anges, le réveil de Psyché, le rachat de l’enfer, quand nous leur crions : À bas le prolétariat ! pensent-ils avoir bien mérité de leur siècle et de la postérité par leurs rimes ?

Il y a plus de vie littéraire, plus de génie, dans de petites histoires de la Révolution, écrites sans faste, mais lues du peuple, comme celle de Villiaumé, dans les récits plus ou moins légendaires de Marco Saint-Hilaire, dans les chansons de Pierre Dupont et les moralités de Lachambeaudie, que dans toutes ces œuvres qu’une société de convention admire en bâillant et qui s’enterrent à l’Académie.

Dans cette déroute des chefs de la littérature, il est facile de prévoir ce qu’il peut advenir des femmes qui les suivent.

La femme est éducatrice ; elle a une mission sociale et conséquemment une part dans l’action littéraire, puisque c’est par la parole, par la poésie et l’art, que s’enseigne et se propage la morale. Mais ici encore et plus que jamais la femme a besoin d’être soutenue par la sévérité du génie viril ; elle est perdue si, au lieu de trouver chez l’homme un guide puissant par la raison, elle ne rencontre qu’un auxiliaire de ses faiblesses, un agent provocateur de son penchant à l’amour. Elle semblera d’abord une héroïne, parce que, l’homme s’efféminant, elle deviendra son égale ; peu à peu, l’érotisme subjuguant tout à fait sa pensée, elle tombera dans une espèce de nymphomanie littéraire, et tandis qu’elle rêve d’émancipation, d’égalité des sexes, de parfait amour, elle ira se perdre dans les mystères de Cotytto.

XXIV

Mme Roland.

Manon Philipon, née à Paris, fille d’un graveur ; tête romanesque, formée à l’école de Rousseau, chrétienne d’abord,