Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/424

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Pour cela encore, vous dites vrai : la femme est tout amour. Mais d’abord ne confondons pas cet amour immense, tel qu’il s’observe chez la femme naturelle ou émancipée, et qui n’est autre que lasciveté pure, avec ce qu’il devient sous le regard de l’homme par la transfiguration conjugale. Puis, mettez-vous d’accord avec vous-même, et reconnaissez que, si la femme est douée d’une si grande puissance d’aimer, c’est qu’elle est douée d’une médiocre capacité pour la Justice, ainsi que vous le constatez ailleurs, ce que ne rachètent nullement ses dispositions religieuses.

Mme  Necker ajoute :

« De cet amour immense résulte l’amitié que les hommes ont entre eux. Il est de fait que là où les femmes captives et peu développées n’exercent aucune influence, les hommes vivent solitaires ; ils ne s’aiment pas. »

Le fait peut être vrai ; mais ce n’est qu’une coïncidence, si l’on n’en montre le pourquoi. Mme  Necker saurait-elle le dire ? Non : ceci rentre dans la raison des choses, à laquelle ne s’élève jamais de lui-même l’esprit de la femme.

« Du moins les femmes ne sont pas toutes mariées, et cela constitue une large exception en faveur de la liberté de la femme. »

Nous y voilà : la Liberté. Comme si, mariée ou non, la destinée de la femme dans la société n’était pas toujours la même ! L’individu suit la loi du sexe, madame : demandez à Daniel Stern.

« Un fait dont on ne tient pas assez compte est la parfaite égalité intellectuelle des jeunes garçons et des jeunes filles pendant tout le temps qu’on les élève ensemble. »

Rapportez l’effet à la cause, et vous verrez que l’inégalité qui se développe après le premier âge vient de la masculinité, qui auparavant sommeillait. Mais quelle femme sait rapporter les effets à leurs causes ?

« L’engagement que prend l’épouse est spécial ; il a sa limite ; les droits de Dieu sont réservés. »

Holà ! Après avoir reconnu la prépondérance de l’homme,