Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/435

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suicide ; triomphe de l’amour. À travers ce cataclysme on saisit à grand’peine l’idée de l’auteur, savoir, qu’amour, comme nécessité, n’a pas de loi.

J’ai cité tout au long la scène entre Pulchérie et Lélia : ce serait bien pis si je rapportais le viol de Rose et de Blanche ; si je disais pourquoi Mlle  Edmée est amoureuse de son petit ours et cousin Bernard de Mauprat ; si je passais en revue le musée de Mme  la princesse Quintilie, morganatiquement mariée à un étudiant allemand, et qui entretient chez elle, pour le plaisir de ses yeux et par fantaisie d’artiste, de jolis garçons et de jolies filles dont toute l’occupation est de faire l’amour : imitation des scènes de Caprée, esquissées par Tacite dans la vie de Tibère. L’amour a beau être profond, sublime, héroïque, divin ; il paraît bientôt insipide si une lubricité inventive ne l’assaisonne. Changeons de posture : ce fut jadis toute la science de la fameuse Éléphantine ; c’est encore, hélas ! ce qui fait la meilleure part des histoires de Mme  Sand.

Mais, l’égalité des sexes déclarée, le mariage banni, l’amour rendu libre, la volupté avec toutes ses joies prise pour règle et pour fin, quel sera le rôle de chaque sexe ? On ne peut pas toujours vaquer à l’amour : il faut travailler, produite, administrer, soigner le ménage, élever les enfants. En quoi consistera la fonction de l’homme ? En quoi le ministère de la femme ?

Nous connaissons la réponse de Mme  Sand : On trouvera. Elle croit que cela se fait comme elle le dit. Par provision, et pour préparer les esprits à cette grande découverte, qui doit remplacer par un lien plus sacré le mariage, elle travaille de son mieux, bien qu’à son insu, à niveler les facultés entre les sexes, et tout d’abord à rabaisser le caractère de l’homme.

La femme auteur, surtout la femme émancipée, réussit difficilement à créer des caractères virils. Outre que la faiblesse ne peut pas naturellement exprimer la force, il y a ici une autre raison, qui est que la femme libre ne se grandit réellement que de ce qu’elle retranche à la taille de l’homme.

Dans les romans de George Sand, comme dans tous les romans de femmes libres, les hommes sont en général de deux sortes :