Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/461

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en les ramenant sans cesse de l’abstrait au concret ; c’est dans le cœur de la femme qu’il dépose le secret de ses plans et de ses découvertes, jusqu’au jour où il pourra les produire dans leur puissance et leur éclat. Elle est le trésor de sa sagesse, le sceau de son génie : Mater divinæ gratiæ Sedes sapientiæ, Vas spirituale, Virgo prudentissima.

Auxiliaire du côté de la Justice, elle est l’ange de patience, de résignation, de tolérance, Virgo clemens, Virgo fidelis ; la gardienne de sa foi, le miroir de sa conscience, la source de ses dévouements : Fœderis arca, Speculum justiticiæ, Vas insigne devotionis. L’homme de la part de l’homme ne supporte ni critique ni censure ; l’amitié même est impuissante à vaincre son obstination. Bien moins encore souffrira-t-il dommage et injure : seule la femme sait le faire revenir et le dispose au pardon.

Contre l’amour même et ses entraînements la femme, chose merveilleuse, est pour l’homme l’unique remède, soit par la honte qu’elle lui inspire lorsqu’elle se refuse, soit qu’elle le fasse repentir de son indiscrétion en se livrant et s’enlaidissant. La litanie redouble ici d’insistance : Mater purissima, Mater castissima, Mater inviolata, Mater intemerata, Virgo prædicanda.

De quelque côté qu’il la regarde, elle est la forteresse de sa conscience, la splendeur de son âme, le principe de sa félicité, l’étoile de sa vie, la fleur de son être : Turris eburnea, Domus aurea, Janua cœli, Stella matutina, Rosa mystica. Quelle puissance dans ses regards ! Virgo potens. Qu’elle est délicieuse, appuyée sur le bras de son fiancé ! Quæ est ista quæ ascendit de deserto, deliciis affluens, innixa super dilectum suum ? Qu’elle est imposante dans sa démarche, et radieuse ! Et comme il est ému auprès d’elle ! Quasi aurora consurgens, pulchra ut luna, electa ut sol, terribilis ut castrorum acies ordinata ! Que