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XXXVIII

8. La cité : troisième degré de juridiction.

L’idée de considérer la Justice, non plus seulement comme une notion de l’entendement ou une hypothèse de notre économie, mais comme une faculté positive de l’âme, et conséquemment de chercher à cette faculté un organe dans la constitution de l’être humain, cette idée, dis-je, est tellement extraordinaire, qu’elle aura de la peine à s’introduire : tout en souhaitant de voir les principes de la morale acquérir plus de certitude et s’emparer des esprits avec plus de force, on eût aimé à leur conserver ce clair-obscur qui semble ajouter au respect par le mystère.

Un peu de réflexion cependant ferait comprendre qu’il n’y a rien en tout ce que nous venons de dire de la Justice qui ne soit fondé sur la nature même des choses ; quant au mysticisme, il faudrait être bien pauvre de jugement pour ne pas comprendre qu’il ne fera jamais défaut à notre savoir. L’homme a beau étendre le cercle de ses idées, sa lumière n’est toujours qu’une étincelle promenée dans la nuit immense qui l’enveloppe. Le mariage, enfin expliqué, n’est-il pas toujours un mystère ? Accueillons donc avec bonheur et reconnaissance la vérité qui s’offre à nous, et que toute idée nouvelle qui porte avec soi sa preuve soit la bienvenue.

Toute puissance, toute loi de la nature a pour organe le corps ou le phénomène dans lequel elle se manifeste.

Ainsi, pour ne pas perdre le temps en exemples, il est une force qui anime tous les êtres et leur donne la première réalisation : cette force est l’attraction. L’attraction a donc pour organes toutes les existences en qui elle se manifeste, soit, par exemple, notre système planétaire.