Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/130

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rant du pouvoir et en l’exerçant avec la plénitude des attributions monarchiques, ils se montrèrent, pour la circonstance, plus avisés que les hommes d’État de la Gironde ; mais qu’en rétablissant, avec un surcroît d’absolutisme, le système de la royauté sous le nom de république une et indivisible, après avoir sacré cette république du sang du dernier roi, ils sacrifièrent le principe même de la Révolution et firent preuve d’un machiavélisme du plus sinistre augure. Une dictature temporaire pouvait s’admettre ; un dogme, qui devait avoir pour résultat de consacrer tous les envahissements du pouvoir et d’annuler la souveraineté nationale, était un véritable attentat. La république une et indivisible des Jacobins a fait plus que détruire le vieux fédéralisme provincial, évoqué peut-être mal à propos par la Gironde ; elle a rendu la liberté impossible en France et la Révolution illusoire. On pouvait hésiter encore, en 1830, sur les conséquences funestes de la victoire remportée par les Jacobins : le doute aujourd’hui n’est plus possible.


Le débat entre la fédération et l’unité vient de se reproduire à propos de l’Italie, dans des circonstances qui ne sont pas sans analogie avec celles de 93. En 93 l’idée fédérative, confondue par les uns avec la démocratie, accusée par les autres de royalisme, eut contre elle le malheur des temps, la fureur des partis, l’oubli et l’incapacité de la nation. En 1859, ses adversaires furent les intrigues d’un ministre, la fantaisie d’une secte et la méfiance habilement excitée des peuples. Il s’agit de savoir si le préjugé qui depuis 89 nous a constamment rejetés des voies de la