Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/134

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au sujet de l’Empire ottoman, ce qui lui a semblé bon : il y aurait trop de risque pour moi à discuter ses motifs. Nos soldats se sont glorieusement comportés : je n’hésite point à joindre ma feuille de laurier à leurs couronnes. Mais il m’est permis de dire qu’il y eut un instant où la politique d’accommodement, représentée par M. Drouin de Lhuys, alors comme aujourd’hui ministre des affaires étrangères, faillit prévaloir, et que si la voix puissante de la démocratie fût venue appuyer cet homme d’État, la France y eût économisé 1, 500 millions et cent vingt mille soldats, je ne sais pas exactement les chiffres, dépensés au soutien de la nationalité turque. Une démocratie animée d’un véritable esprit républicain, plus soucieuse des libertés du pays que de l’exaltation du pouvoir central, avare surtout du sang du peuple, eût saisi avec ardeur toutes les chances de paix. Le zèle unitaire de nos citoyens publicistes en a décidé autrement. Leur belliqueux patriotisme a fait pencher la balance du côté… de l’Angleterre. La guerre à la Russie, disaient-ils, c’est la Révolution ! Sans cesse ils ont la Révolution à la bouche : c’est tout ce qu’ils en savent. Ils en étaient à comprendre, en 1854, ce fait pourtant si clair, que le lendemain du 2 Décembre Louis-Napoléon était devenu, par la force de sa situation, par l’inévitable signification donnée au coup d’État, le chef de la conservation Européenne. C’est comme tel qu’il a été salué par les Empereurs et les Rois, et le dirai-je ? par les républiques elles-mêmes. Oh ! que personne n’accuse aujourd’hui de légèreté la nation française. L’Empire est l’ouvrage de l’Europe entière. Nos démocrates durent s’en apercevoir quand les puissances alliées décidèrent que la guerre resterait politique, qu’elle