Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/155

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converger les réformes vers la liberté générale. Il n’en fut pas ainsi. M. de Cavour conçut le projet de confisquer le mouvement au profit de la maison de Savoie : en quoi il fut parfaitement servi par les démocrates unitaires. L’indépendance n’était pas conquise que déjà l’on songeait à la faire payer à l’Italie, immergée dans les fonts baptismaux piémontais.


Je n’ai pas à m’occuper des intérêts dynastiques intéressés ou compromis dans l’expédition. Attaqué par de soi-disant libéraux, démocrates et républicains, c’est au point de vue de la république, de la démocratie et de la liberté, que j’ai à me défendre. Je dis donc que la politique à suivre était celle qui, écartant l’absorption piémontaise, mettait les princes, les rois et la Papauté dans la main des libéraux : c’était la politique fédéraliste. D’un côté les petites monarchies italiennes allaient se trouver entre deux périls : péril de l’absorption par l’une d’elles, ou de la subalternisation à une autorité fédérale. Au principe de la représentation parlementaire et de la séparation des pouvoirs qui allait résulter des nouvelles constitutions, si vous ajoutez celui d’un lien fédératif, que restait-il de l’ancien absolutisme ? rien. En revanche, la liberté profitait de tout ce qu’allaient perdre les vieilles souverainetés, puisque c’est précisément l’effet de la fédération que la liberté s’accroît, pour les citoyens de chaque État, en raison de la garantie que leur apporte le pacte fédéral. Le devoir des chefs de la démocratie, de Garibaldi et de Mazzini en première ligne, était donc de s’opposer aux idées de M. de Cavour, en s’appuyant au besoin sur l’Empereur des Français. Rien