Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/27

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présentée par personne. Mais elle est intimement liée à la théorie générale des gouvernements, parlons plus juste, elle en est la conclusion nécessaire.


Parmi tant de constitutions que la philosophie propose et que l’histoire montre à l’essai, une seule réunit les conditions de justice, d’ordre, de liberté et de durée hors desquelles la société et l’individu ne peuvent vivre. La vérité est une comme la nature : il serait étrange qu’il en fût autrement pour l’esprit et pour son œuvre la plus grandiose, la société. Tous les publicistes ont admis cette unité de la législation humaine, et, sans nier la variété des applications que la différence des temps et des lieux et le génie propre à chaque nation réclament ; sans méconnaître la part à faire, en tout système politique, à la liberté, tous se sont efforcés d’y conformer leurs doctrines. J’entreprends de faire voir que cette constitution unique, que le plus grand effort de la raison des peuples sera d’avoir enfin reconnue, n’est autre que le système fédératif. Toute forme de gouvernement qui s’en éloigne doit être considérée comme une création empirique, ébauche provisoire, plus ou moins commode, sous laquelle la société vient s’abriter un instant, et que, pareille à la tente de l’Arabe, on enlève le matin après l’avoir dressée le soir. Une analyse sévère est donc ici indispensable, et la première vérité dont il importe que le lecteur emporte de cette lecture la conviction, c’est que la politique, variable à l’infini comme art d’application, est, quant aux principes qui la régissent, une science de démonstration exacte, ni plus ni moins que la géométrie et l’algèbre.