Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/278

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fédératif et le retient dans l’unité, n’est point une raison politique sérieuse : c’est le fait établi, toujours si imposant ; c’est la tradition jacobine et le préjugé de parti ; c’est qu’aux yeux de la vieille Démocratie il y a chose jugée contre la Gironde ; c’est que le peuple français a toujours compris le gouvernement comme en 93 il comprenait la guerre : En masse sur l’ennemi ! c’est-à-dire centralisation, et unité ; c’est, enfin, qu’en ce qui concerne les choses de la Révolution, la raison des philosophes n’a fait jusqu’à présent que suivre la fougue des masses. Que M. Morin mette la main sur sa conscience : n’est-il pas vrai qu’il lui en coûterait à cette heure de se séparer de ses amis les démocrates unitaires ? Et pourquoi lui en coûterait-il ? Parce que la Révolution est encore pour le peuple affaire de sentiment, non de droit ni de science ; que préférer le droit et la science au sentiment, c’est, dans l’opinion du peuple, se séparer de lui, et que M. Fr. Morin tient à ne se séparer pas du peuple, même dans l’intérêt de la cause populaire, même pour un instant.


Indépendamment des relations de parti qui l’attachent à la Démocratie, j’ai encore d’autres motifs de mettre en suspicion l’indépendance d’esprit de M. Morin. Je trouve dans son article du 11 novembre le passage suivant, à propos de la question romaine :


M. Proudhon reconnaît que Rome est aux Romains. Que l’on consulte donc les Romains, et que tout le monde s’incline devant le verdict qui, en droit, est souverain ; qui, en fait, est seul capable de nous tirer d’une situation contradictoire.