Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/306

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vengeresse ; c’est contre les villes et les provinces, contre une population tout entière. En ce qui touche l’Italie, par exemple, telle que Mazzini a décidé qu’elle serait, l’unité est adéquate à la nationalité. Or la nationalité est au-dessus de la nation, comme l’idée est au-dessus de sa propre réalisation. De même donc que le dictateur romain, père de la patrie, seul en face de son armée coupable, avait le droit de la décimer comme parjure et la décimait en effet ; de même que les Jacobins en 93, soutenus par le peuple de Paris et les sociétés patriotiques d’une douzaine de départements, eurent le droit, en vertu de la Révolution interprétée par eux, de sévir contre la masse de la nation devenue réfractaire ; — de même Mazzini aurait le droit de traiter de rebelles tous ceux, fussent-ils vingt-cinq millions, qui résisteraient à la politique d’unité, et manqueraient au pacte mystique juré entre eux et Victor-Emmanuel ; il pourrait, en vertu de ce pacte, exterminer comme brigands les partisans de la fédération, brûler les villes, ravager les campagnes, décimer, épurer, amender tout un peuple, coupable, au dire de Mazzini, de lèse-majesté envers lui-même. N’est-ce pas ce que font depuis deux ans les Piémontais à Naples, dans les Calabres, partout où la souveraineté de Victor-Emmanuel est contestée ?


M. Frédéric Morin a-t-il quelque chose à objecter à cette déduction de la politique mazzinienne ? Qu’il pèse bien sa réponse. Je n’ai pas voulu le surprendre, et c’est pour cela que je ne déguise ni n’adoucis les propositions sur lesquelles je me permets de l’interpeller. Mais qu’il ne s’y trompe pas : cette politique unitaire que j’attribue à