Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

citoyens ou sujets ; ce sont des groupes, donnés à priori par la nature, et dont la grandeur moyenne ne dépasse pas celle d’une population rassemblée sur un territoire de quelques centaines de lieues carrées. Ces groupes sont eux-mêmes de petits États, organisés démocratiquement sous la protection fédérale, et dont les unités sont les chefs de famille ou citoyens.


Ainsi constituée la Fédération résout seule, en théorie et pratique, le problème de l’accord de la Liberté et de l’Autorité, donnant à chacune sa juste mesure, sa vraie compétence et toute son initiative. Seule par conséquent elle garantit, avec le respect inviolable du citoyen et de l’État, l’ordre, la justice, la stabilité, la paix.


En premier lieu le Pouvoir fédéral, qui est ici pouvoir central, organe de la grande collectivité, ne peut plus absorber les libertés individuelles, corporatives et locales, qui lui sont antérieures, puisqu’elles lui ont donné naissance et qu’elles seules le soutiennent ; qui de plus, par la constitution qu’elles lui ont donnée et par la leur propre, lui restent supérieures[1]. Dès lors, plus de risque de

  1. Le rapport du pouvoir central ou fédéral avec les pouvoirs locaux ou fédérés, est exprimé par la distribution du budget. En Suisse, le budget fédéral est à peine le tiers de la totalité des contributions que la Suisse consacre à sa vie politique ; les deux autres tiers restent aux mains des autorités cantonales. En France, au contraire, c’est le Pouvoir central qui dispose de la presque totalité des ressources du pays ; c’est lui qui règle les recettes et les dépenses ; c’est encore lui qui se charge d’administrer, par commission, les grandes villes, telles que Paris, dont les municipalités deviennent ainsi purement nominales ; c’est encore lui qui est dépositaire des fonds des communes et qui en surveille l’emploi.