Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/55

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On s’étonne que le gouvernement fondé sous les auspices d’une bourgeoisie ou d’un patriciat, d’accord avec une dynastie, soit généralement plus libéral que celui fondé par la multitude sous le patronat d’un dictateur ou d’un tribun. La chose, en effet, doit sembler d’autant plus surprenante, qu’au fond la plèbe est plus intéressée et qu’elle a réellement plus de penchant à la liberté que la bourgeoisie. Mais cette contradiction, pierre d’achoppement de la politique, s’explique par la situation des partis, situation qui, dans le cas d’une victoire populaire, fait raisonner et agir la plèbe en autocrate, et, dans le cas d’une prépondérance de la bourgeoisie, fait raisonner et agir celle-ci en républicaine. Revenons au dualisme fondamental, Autorité et Liberté, et nous allons le comprendre.


De la divergence de ces deux principes naissent primordialement, sous l’influence des passions et des intérêts contraires, deux tendances inverses, deux courants d’opinions opposés : les partisans de l’autorité tendant à faire la part de la liberté, soit individuelle, soit corporative ou locale, la moindre possible, et à exploiter sur cette donnée, à leur profit personnel et au détriment de la multitude, le pouvoir dont ils forment l’escorte ; les partisans du régime libéral, au contraire, tendant à restreindre indéfiniment l’autorité et à vaincre l’aristocratie par la détermination incessante des fonctions publiques, des actes du Pouvoir et de ses formes. Par l’effet de sa position, par l’humililé de sa fortune, le peuple cherche dans le gouvernement l’égalité et la liberté ; par une raison contraire, le patriciat propriétaire, capitaliste et entrepreneur, incline davantage