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ÉVOLUTION HISTORIQUE


CHAPITRE IX


Révolution française : les Classiques et les Romantiques.


La Révolution, qui couvait depuis un siècle, éclate enfin. Naturellement, elle n’a pas le loisir de s’occuper d’esthétique et de fournir des idées aux peintres. D’ailleurs, avant l’idéal les principes ; avant de satisfaire au goût, il faut pourvoir à la raison. De même que la liberté, l’art est ajourné à des temps meilleurs. La Révolution s’exprimera, en attendant, comme elle pourra ; elle usera des moyens qui lui ont été ménagés : grecque, latine, classique, biblique même, c’est-à-dire empruntée dans sa langue, dans son style et dans ses formes, partant gauche, pédantesque et déclamatoire. Symptôme de mauvais augure pour le succès de la Révolution, de se voir dès le berceau enlacée dans les formules d’une esthétique artificielle et étrangère.

On dirait la répétition d’une tragédie tirée de l’histoire ancienne. Les députés du tiers sont des Cicérons et des Démosthènes ; ils posent en foudres d’éloquence. Dans les commencements, les principes font passer le style ; le peuple français ne jure que par les Droits de