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ÉVOLUTION HISTORIQUE

sa pensée, le manque de vie, d’originalité et de vérité de ses œuvres ; la seconde, de ne pas même comprendre ses modèles, ce qui la jetait dans une inconséquence et une contradiction perpétuelles. Est-ce donc pour rien, disaient-ils, que le christianisme est venu changer la face du monde ; qu’il y a eu une Église, une papauté, un nouvel empire d’Occident associé au saint-siége, un monde féodal, des croisades, une chevalerie ; que des races nouvelles ont remplacé sur la scène les anciennes, épuisées ; que ces races ont enfanté, à leur tour, des langues, une littérature, un idéal, un art ; que la chrétienté a eu ses révolutions, ses guerres de religion, ses grands schismes ; et en dernier lieu,la Révolution ?.. Est-ce que tout cela n’est pas matière de poésie, de littérature et d’art, aussi bien que la mythologie païenne, le siège de Troie, la guerre médique, les institutions de Solon et du patriciat de Rome ? Et si c’est matière poétique èt artistique, comment voulez-vous que nous nous enfermions dans le cadre de vos classiques ? . Puis vous ne faites pas attention, ajoutaient-ils en s’adressant aux conservateurs, qu’avec votre culte de la forme, de la forme classique, s’entend, laquelle constitue votre idéal, vous sacrifiez sans motif, sans nécessité, l’EXPRESSION, non moins importante que la forme, dont la forme n’est elle-même que le moyen ; vous tombez dans la convention, par suite dans la monotonie, le faux et le mauvais goût ; vous perdez l’art