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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

en présence de ce Léonidas si calme, disant à ses trois cents Spartiates : Ce soir, nous souperons chez Pluton. Je regardais avec une émotion religieuse ces guerriers si beaux,pleins d’un enthousiasme sacré, gravant de la pointe de leurs épées, sur le rocher au pied duquel ils allaient faire le sacrifice de leur vie, cette simple et sublime épitaphe : Passant, va dire à Lacédémone que nous sommes morts ici pour obéir à ses lois. Plus tard, j’ai entendu dénigrer cette œuvre de David, exemple achevé du genre classique ou académique. Mais que prouvent, me disais-je,. ces épithètes ? Qu’aurait donc lait ici, à la place de David, le plus habile romantique ? L’art, tel que l’entendent les critiques de David lui-même, n’a-t-il pas pour but la représentation idéalisée de l’homme ? Et quand cette représentation produit un effet pareil à celui que j’éprouve, ne peut-on pas dire que l’artiste a atteint son but, qu’il s’est élevé au sommet de l’art ? Qui dit classique dit conforme à la tradition grecque. Et pourquoi pas ? Tant mieux pour les Grecs, si, après plus de deux mille ans, les œuvres de leurs artistes nous servent de modèle, de même que le patriotisme de leurs guerriers nous sert d’exemple. Aussi bien, ce tableau ne venait-il pas à son heure, pendant notre grande époque révolutionnaire ? Classiques ou non, y a-t -il aujourd’hui beaucoup de peintres de la force-de David ? Notre génération serait-elle capable d’en inspirer, d’en produire de cette valeur...?