Page:Proudhon - Du principe de l'art et de sa destination sociale.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
167
ÉGYPTE : ART TYPIQUE

la mémoire. Entrez dans une maison de Paris habitée par vingt artistes : vous y trouverez des élèves de Fiésole, de Raphaël, de Rubens, de Véronèse, de Vélasquez ou de Holbein. Où veulent-ils en venir ? Faire de la peinture seulement pour gagner de l’argent n’est pas un but avouable ; peindre pour peindre, selon le principe de l’art pour l’art, est chose insignifiante : autant vaudrait s’adonner à la danse... »

Il ajoute : « A chaque civilisation, un art périssable. L’architecture a fini son temps avec les religions primitives ; plus de sculpture après la Grèce ; plus de peinture après la Hollande du dix-septième siècle. Tout essai d’art fait de nos jours, excepté en musique, est un impuissant archaïsme. » — Et qu’est-ce que la musique elle-même ? — « Un art matérialiste, dissolvant, qui semble fait tout exprès pour consoler la vieille espèce humaine de ses longues douleurs, et pour l’endormir dans le tombeau. » (Les Artistes français, par TH. SYLVESTRE. )

Il est incontestable que l’affaiblissement de la plus délicate des facultés de notre âme, la faculté esthétique, s’il était prouvé, serait un signe certain que notre espèce commence à vieillir, qu’elle s’incline vers le tombeau, et ne fait plus guère autre chose que filer son linceul. Il en est de la vie morale comme de la vie physiologique, intimement liées d’ailleurs l’une à l’autre : la cessation commence aux extrémités, gagne