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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

ramené à sa phalange[1] : cela l’aurait calmé, et il eut l’ait, avec un juste sentiment de lui-même, moins exagéré, quelques chefs-d’œuvre de plus en évitant de graves reproches.

Maintenant, il faut que Courbet le sache : il doit marcher, il n’a que faire de parler de lui davantage ; on sait ce qu’il veut, où il va ; on l’attend aux œuvres. Ses confrères sont aussi éclairés que lui. Il aura des successeurs, des continuateurs, des rivaux, sans que ceux-ci aient à craindre que leur réputation en souffre, et qu’on leur fasse moins bonne justice. Les idées n’ont pas de propriétaires, et, de même que l’inventeur de la peinture à l’huile ne peut revendiquer la palme du talent, pour cette découverte, sur ceux qui en ont usé après lui, de même Courbet ne saurait prétendre à la supériorité du talent sur ceux qui le suivent, du seul fait de l’idée grande et heureuse qui l’a éclairé le premier.

  1. C’est ce que je viens d’essayer de faire. Mais Courbet, comme tous les artistes, veut être infini comme le monde, mystérieux comme l’idéal, surtout seul de son genre et de son espèce parmi les peintres. Je crains fort que, tout en lui rendant pleine justice et lui faisant une position splendide, il ne se trouve médiocrement satisfait. Ne l’aurai-je pas défini, classé, catégorisé, mis à sa place ? Quelle audace ! Sa réputation y gagnera, mais sa vanité en souffrira. Essayez donc de contenter ces messieurs. Vous pouvez vous entendre avec un philosophe, un savant, un entrepreneur d’industrie, un militaire,Un légiste, un économiste ; avec tout ce qui calcule, raisonne, Combine, suppute ; mais avec un artiste, c’est impossible.