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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

servent à l’ornementation des palais, des jardins, des livres...

La troisième école est à la recherche de la beauté pure, de la beauté caractérisée par la proportion et l’harmonie. J’appelle cette école idolâtrique, parce que son idéalisme aboutit au culte de la forme pour la forme. C’est par le travail des statuaires que s’est constituée la religion polythéiste ; c’est le culte de la beauté visible qui a fait adorer les dieux. Depuis le christianisme, ce culte et l’école d’art qui le représentait avaient disparu. Mais l’école est ressuscitée au quinzième et au seizième siècle ; et, les dieux à part, elle s’est emparée de l’attention et de la faveur.

La quatrième école, c’est l’école chrétienne, spiritualiste ou religieuse. Ici l’artiste cherche à faire apparaître, non plus l’idéal de la forme, mais celui du sentiment religieux : Il donne de l’expression à ses figures, mais une expression mystique, surnaturelle. La beauté extérieure est négligée, effacée, pour laisser paraître la beauté intérieure, qui est celle de l’âme. Or, aussi longtemps qu’il y aura des religions ou des sentiments religieux sur la terre, il y aura une peinture spirituelle, témoignant du sentiment de vénération, d’adoration, d’élévation de l’âme vers la Divinité, de pureté intérieure, de mortification, de soumission. L’idolâtrie et la spiritualité sont corrélatives et se font pendants.