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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

que ce qui détermina Paris, ce fut la promesse que lui fit Vénus de le faire jouir de la plus belle femme de la Grèce, d’une beauté comparable à elle-même.

A cette beauté idéale, absolue, divine nous devons de temps en temps nous référer. Mais il est une beauté moins régulière, moins géométrique, beauté mobile, passionnée, fougueuse comme la vie, comme la force en action, comme la santé en éruption : c’est la beauté du diable. Inférieure à l’autre pour la correction, la précision, la dignité, la placidité, la sérénité, le calme, le divin, mais bien plus attrayante, plus capiteuse, plus entraînante, par l’expression, la passion, la vie, le mouvement, elle nous enlève, nous emporte, et nous l’aimons à la folie. Les Grecs, dans leurs fables, semblent avoir pressenti sa supériorité.

Remarquez, en effet, que généralement il n’y a guère d’amour entre les dieux. Junon est mariée à Jupiter, Amphitrite à Neptune, Proserpine à Pluton, Rhée à Saturne : tristes ménages. Les Muses, les Grâces, Pallas, Artémis restent vierges. Les dieux préfèrent les mortelles aux habitantes de l’Olympe. Voyez Jupiter et Calisto, Io, Maïa, Léda, Sémélé, Danaé, Alcmène, Europe ; Neptune et Théophane, Tyro, Iphimédie ; Apollon et Daphné, Cassandre, Coronis, Clymène. Les déesses également se donnent de préférence aux humains, bergers ou princes : Diane et Endymion, Cybèle et Atys. Vénus se prodigue à