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ÉVOLUTION HISTORIQUE

l’erreur et au vice, esclaves du péché, et qu’il faut ramener à la santé et à la raison, pour de là les conduire à la vertu. L’artiste a donc pour mandat de les reproduire dans toutes leurs affections, passions et dégradations, comme dans tous leurs perfectionnements. Cette immense variété lui appartient ; elle est de son ressort, et voilà pourquoi, plus l’expression est changeante, plus l’art doit s’éloigner de tout arbitraire.

Si le hasard ou la maladresse seuls présidaient à de telles œuvres, si c’étaient des caricatures ou de simples portraits, assurément l’exécution en serait de peu de valeur, puisque le plus maladroit pourrait y réussir. Mais nous avons observé déjà que ces compositions, sérieuses dans leur idée, ne le sont pas moins dans la forme. Elles ne sont pas des charges, des hyperboles, qui ne demandent qu’un peu de malice dans l’esprit et très-peu d’art dans l’exécution ; ce sont des compositions typiques, prises sur nature, sur plusieurs natures, et reproduites dans une composition rationnelle où la forme laisse deviner l’idée, où la laideur, tout en montrant le vice, laisse deviner encore à la fois la beauté naturelle et la vertu innée ; ce qui rend ces œuvres les plus difficiles de toutes.

On insiste et l’on dit :

Mais quelle nécessité de recourir à ces moyens extrêmes, et quel plaisir, autre que celui d’une énorme difficulté vaincue, l’artiste peut-il se promettre de son