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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

vers, nous défigurons notre prose, et nous dansons le cancan.

Nous ne pouvons vivre dans cette barbarie ; il faut nous en relever à tout prix, tout en conservant notre gravité scientifique et notre positivisme industriel. Ce sont d’autres moyens à employer, d’autres formes à créer, d’autres agencements à imaginer. Il faut que la terre devienne, par la culture, comme un immense jardin, et le travail, par son organisation, un vaste concert.

Quel concours l’art nous apporte-t-il dans cette entreprise de rénovation ? Aucun ; nous n’avons pas de production artistique nationale, pas même de critère pour l’appréciation des œuvres produites, parce qu’il n’y a, au fond de la conscience publique, que doute, scepticisme, absence de principes, oubli du droit, esprit d’agiotage, de parasitisme, d’arbitraire ; dédain de toute philosophie et religion ; impudicité, vénalité, prostitution.

La bourgeoisie contemporaine, grossière et fastueuse, s’imagine qu’elle peut tout avec des écus ; qu’il n’y a qu’à offrir des encouragements, distribuer des prix, des croix, des pensions ; faire des lois sur la propriété littéraire, pour susciter des écrivains et des artistes. Elle est toujours comme M. Jourdain, demandant qu’on lui mette en style à la mode sa déclaration d’amour : « Belle marquise, vos beaux yeux...» Com-