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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

la même main, qu’elles sont censées exprimer la même pensée sociale, répondre au même besoin ; que toutes les figures, "en raison de leur idéalité même, se ressemblent, on ne sait vraiment plus, quand on regarde un tableau mythologique, si ce sont les Bienheureux du Nouveau Testament qui font carnaval, ni, quand on reporte ses regards sur un tableau de sainteté, si ce sont les dieux de la Fable qui font pénitence. La corruption qui suivit la Renaissance fut en raison de cet idéalisme, et Rome, c’est-à-dire l’Église, redevint pour les nations scandalisées ce qu’elle avait été au premier siècle, la grande prostituée.

La Renaissance avait vaincu le gothique ; la Réforme, à son tour, fit échec à la nouvelle idolâtrie. Qu’est-ce que la Réforme ? En religion, c’est la liberté d’interprétation et de croyance, le culte en esprit et en vérité, partant la mort de toute peinture et sculpture surnaturaliste et symbolique ; en fait d’Église, la négation du sacerdoce, de l’épiscopat, de la papauté, no popery ! en politique, l’égalité de tous devant la loi, l’abolition des castes, les mœurs citoyennes, la prééminence du principe fédératif sur le principe dynastique. Après une telle débâcle, que restait-il pour l’art ? La fatalité même de l’élimination, la logique des choses l’indiquent : il restait la roture, quoi donc ? la vie laïque, vulgaire et ses triviales occupations. Plus de symboles, plus d’idoles, plus de noblesse, plus de moi-