Page:Proudhon - Explications sur le droit de propriété.djvu/18

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une autre pour le civil, une troisième pour le commerce, une quatrième, qui viendra bientôt, pour l’administration ? Pourquoi ces institutions placées côte à côte en ennemies, ces juridictions et ces grands corps qui n’ont pas de principe commun et ne s’expliquent point l’un l’autre, ces formalités judiciaires incohérentes, inharmoniques, tandis qu’elles devraient être unifiées, centralisées, coordonnées ? »


Voici donc, messieurs les jurés, quelle est la suite de mes idées sur la propriété.

La métaphysique, le droit, l’économie, concluent à l’égalité des fortunes.

Vient ensuite l’histoire, qui nous montre la société soumise aux lois métaphysiques, jurisprudencielles et économiques, lors même qu’elle n’a ni métaphysique, ni jurisprudence, ni économie, et marchant instinctivement depuis des siècles à la réalisation de cette égalité.

Enfin la charte constitutionnelle implique elle-même l’égalité ; l’égalité est au fond du système représentatif, elle est la conséquence et la résultante de toutes nos institutions.

En sorte qu’il faut dire avec certitude :

Celui qui ne veut pas la charte ne veut pas l’égalité.

Celui qui veut plus ou moins que la charte, veut plus ou moins que l’égalité.

Celui qui veut autrement que la charte ne veut pas l’égalité dans le plus court délai. La charte ! Il y a des gens qui croient que la charte est l’œuvre d’un abbé de Montesquiou, revue et corrigée par un M. Bérard : c’est attribuer de grands effets à de bien petites causes.

La charte est l’ensemble des principes élaborés dans la société française depuis l’établissement des communes sous Louis le Gros, et successivement mis en lumière par les formes passagères de la féodalité, du despotisme, de la république et de l’empire.

La charte est le symbole de l’esprit de liberté et d’égalité qui nous tourmente depuis douze siècles.