Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/125

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Février avec une nouvelle instance et un certain succès, des hommes, notables dans le parti démocratique et socialiste, mais à qui l’idée anarchique inspirait quelque inquiétude, ont cru pouvoir s’emparer des considérations de la critique gouvernementale, et, sur ces considérations essentiellement négatives, restituer sous un nouveau titre, et avec quelques modifications, le principe qu’il s’agit précisément aujourd’hui de remplacer. Sans le vouloir, sans s’en douter, ces honorables citoyens se sont posés en contre-révolutionnaires ; car la contrefaçon, puisqu’enfin ce mot rend mieux qu’un autre mon idée, en matière politique et sociale, c’est la contre-révolution. Je le prouverai tout à l’heure. Ce sont ces restaurations de l’autorité, entreprises en concurrence de l’anarchie, qui ont récemment occupé le public sous les noms de Législation directe, Gouvernement direct, et dont les auteurs ou rééditeurs sont, en premier lieu, MM. Rittinghausen et Considérant, et plus tard M. Ledru-Rollin.

Suivant MM. Considérant et Rittinghausen, l’idée première du Gouvernement direct viendrait d’Allemagne ; quant à M. Ledru-Rollin, il n’a fait que la revendiquer, et sous bénéfice d’inventaire, pour notre première révolution ; on la trouve tout au long, cette idée, dans la Constitution de 93 et dans le Contrat social.

On comprend que si j’interviens à mon tour dans la discussion, ce n’est nullement pour réclamer une priorité que, dans les termes où la question a été posée, je repousse de toutes mes forces. Le Gouvernement direct et la Législation directe me paraissent les deux plus énormes bévues dont il ait été parlé dans les fastes de la politique et de la philosophie. Comment M. Rittinghausen, qui connaît à fond la philosophie allemande ; comment M. Considérant, qui écrivait, il y a