Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/127

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la même raison, conserver l’un ou l’autre, si la conservation est effective, c’est les maintenir tous deux.

Du reste, la simplification de M. de Girardin était depuis longtemps connue du public. C’est une combinaison de personnages empruntée à ce que les négociants appellent leur Livre de caisse. Il y a trois commis : le premier, qui s’appelle Doit ; le second, qui se nomme Avoir ; et le troisième, qui est Balance. Il n’y manque plus que le Patron, qui les fasse mouvoir et les dirige. M. de Girardin, dans une de ces mille idées que chaque jour son cerveau éjacule, sans pouvoir leur faire prendre racine, ne manquera pas sans doute d’en découvrir une pour remplir cette fonction indispensable de son gouvernement.

Il faut rendre justice au public. Ce qu’il a vu de plus clair en tout cela, c’est qu’avec ces belles inventions gouvernementales, Gouvernement direct, Gouvernement simplifié, Législation directe, Constitution de 93, le Gouvernement, quelconque, est bien malade, et s’incline de plus en plus vers l’anarchie : je permets à mes lecteurs d’interpréter ce mot en tel sens qu’il leur plaira. Que MM. Considérant et Rittinghausen poursuivent leurs recherches ; que M. Ledru-Rollin creuse plus à fond la Constitution de 93 ; que M. de Girardin ait plus de confiance en ses illuminations, et nous arrivons d’emblée à la négation pure. Cela fait, il ne restera plus, en opposant la négation à elle-même, comme disent les Allemands, qu’à trouver l’affirmation. Allons, novateurs ! moins de précipitation et plus d’audace ! Suivez cette lumière qui vous est au loin apparue ; vous êtes sur la limite de l’ancien et du nouveau Monde.

En mars et avril 1850, la Révolution a posé la question électorale en ces termes : Monarchie ou République.