Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/181

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le démontre. Pourtant la question semblait encore des plus élémentaires.

Je pourrais multiplier ces exemples à l’infini : je préfère citer ceux qu’a donnés M. Rittinghausen, qui naturellement les a jugés suffisamment explicites et convaincants.

Y aura-t-il un chemin de fer de Lyon à Avignon ?

Le peuple ne dira pas non, certes, puisque son plus grand désir est de mettre la France au niveau de la Belgique et de l’Angleterre, en rapprochant les distances et favorisant de tout son pouvoir la circulation des hommes et des produits. Il répondra donc, Oui, comme l’a prévu M. Rittinghausen. Or, ce Oui peut contenir une méprise grave : dans tous les cas, c’est une atteinte au droit des localités.

Il existe de Châlon à Avignon une ligne navigable qui offre le transport à 70 pour 100 au-dessous de tous les tarifs de chemins de fer. Elle peut abaisser ses prix, j’en sais quelque chose, à 90 pour 100. — Au lieu de construire une voie ferrée, qui coûtera 200 millions, et qui ruinera le commerce de quatre départements, pourquoi ne pas utiliser cette ligne, qui ne coûterait presque rien ?…… Mais ce n’est pas ainsi qu’on l’entend au Palais Législatif, où il n’y a pas un commissionnaire : et comme le peuple français, à l’exception des riverains du Rhône et de la Saône, ne sait pas plus que ses ministres ce qui se passe sur les deux fleuves, il parlera, c’est facile à prévoir, non suivant sa pensée, mais selon le désir de ses commis. Quatre-vingt-deux départements prononceront la ruine des quatre autres ; ainsi le veut la législation directe.

Qui bâtira le chemin de fer ? l’État ou une compagnie d’assurances ?

En 1849, les compagnies étaient en faveur. Le peu-