Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/188

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directe est enterrée ; nous n’avons plus à y revenir.

M. Ledru-Rollin, ou plutôt la Constitution de 93, a cru tourner la difficulté, en disant, avec Condorcet, que le Pouvoir exécutif serait choisi, non par le Peuple, qui en est incapable, mais par l’Assemblée.

J’en demande pardon à Condorcet. Quoi ! l’on commence par dire que le Peuple peut et doit se faire représenter dans la puissance exécutive, et quand il s’agit de nommer ce Représentant du Peuple, au lieu de le faire élire, directement, par les citoyens, on le fait nommer par des commissaires ! On ôte au Peuple la plus belle moitié du Gouvernement ; car, enfin, l’Exécutif, c’est plus que la moitié du Gouvernement, c’est tout ! Après avoir renvoyé au Peuple le fardeau législatif, on rejette sur lui la responsabilité de tous les actes du pouvoir, que l’on prétend n’être que l’application de ses lois. On a l’air de dire au Peuple, Souverain, Législateur et Juge : Parle, décide, légifère, vote, ordonne ! C’est nous tes mandataires, qui nous chargeons de l’interprétation, et puis après de l’exécution. Mais, quoi qu’il advienne, tu réponds de tout, Quidquid dixeris, argumentabimur.

Si M. Ledru-Rollin a eu un tort, c’est d’avoir appelé cela, à l’exemple de M. Considérant, Gouvernement direct !

D’abord, le Peuple, au lieu de répondre par oui ou par non sur toutes les affaires d’État, comme le voulait M. Rittinghausen, n’a plus à se prononcer que sur les lois ; les neuf dixièmes des questions, sous le nom de décrets, sont enlevées à son initiative.

En second lieu, l’Exécutif tout entier lui est ravi : non-seulement il ne nomme à aucun emploi, il n’a même pas le droit de nommer son Représentant, qui nomme pour lui.