Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/236

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Supposons que dans cet établissement de crédit, le chiffre des émissions soit fixé au maximum de 400 millions par année, jusqu’à concurrence d’un capital de 2 milliards, et l’annuité fixée au vingtième, payable d’avance, plus un intérêt léger en sus.

On comprend qu’avec le secours de cette banque, la propriété, qui emprunte au taux moyen de 9 p. %, peut opérer chaque année la conversion de 400 millions de ses hypothèques, c’est-à-dire, rembourser 400 millions à 9, par une inscription d’annuité de 5 ½, 6 ou 7 p. %.

Au bout de cinq ans, le capital de deux milliards aura été épuisé : mais la banque, avec ses recouvrements d’annuités et les retenues qu’elle fait sur les crédits, se trouvera avoir en caisse, du produit de ses opérations, une somme de 400 millions, plus ou moins, qu’elle replacera à nouveau. Le mouvement se continuera donc, de telle sorte qu’au bout de vingt ans la propriété foncière aura converti quatre fois 2 milliards, soit 8 milliards d’hypothèques : en trente ans elle sera délivrée des usuriers.

Encore une fois, je n’entends patroner ici aucun des projets de banque foncière qui ont pu se produire. Je crois possible d’organiser une pareille institution, et je raisonne sur cette donnée, qui est pour moi plus qu’une hypothèse.

Or, rien de plus aisé que d’appliquer au rachat de la propriété foncière le mécanisme de ce crédit, dans lequel on a l’habitude de ne voir qu’un préservatif contre l’usure et un instrument de conversion des hypothèques.

En moyenne, le revenu du capital terre est 3 p. %. Quand on dit que la terre rapporte 2, 3, 4 ou 5 p. %, cela signifie que, les frais du travail payés (il faut que