Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/263

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dira patron, l’autre ouvrier ; au fond, ils seront parfaitement égaux, parfaitement libres. Qu’un jeune homme, de quatorze à quinze ans, se présente ensuite pour apprendre le métier : avec celui-ci une certaine division du travail pourra être appliquée ; mais cette division du travail est la condition de l’apprentissage, elle n’a rien d’extraordinaire. Que les commandes se multiplient, il pourra y avoir plusieurs ouvriers et apprentis ; ajoutez les bordeuses, peut-être un commis : vous aurez alors ce qu’on appelle un atelier, c’est-à-dire, six, dix, quinze personnes faisant toutes à peu près la même chose, et dont la réunion n’a pour objet que de multiplier le produit, non de concourir, de leurs facultés diverses, à son essence. Aussi, que tout à coup les affaires de l’entrepreneur se dérangent, qu’il fasse faillite : les ouvriers qu’il occupait n’y perdront que la peine de chercher un autre atelier ; quant à la clientèle, elle ne courra pas plus de risque : chacun des ouvriers, ou tous ensemble, pourront la reprendre.

En pareil cas je ne vois point, si ce n’est pour des raisons de convenance particulière, qu’il y ait matière à association. La force collective compte là-dedans pour trop peu de chose ; elle ne balance pas les risques de l’entreprise. Des ouvriers peuvent souhaiter d’être admis en participation des bénéfices d’un établissement qui prospère : je n’y verrai aucune difficulté si l’entrepreneur y consent, et la loi non plus ne s’y oppose pas. Il se peut même que tous, ouvriers et patron, y trouvent leur avantage : cela tient alors à des causes spéciales, qui ne peuvent entrer ici en considération. Mais, devant la loi économique qui nous dirige, cette participation ne peut pas être exigée ; elle est tout à fait hors des prescriptions du nouveau