Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naissance du droit que lui confère cette force, dont il est le producteur, il ressaisit sa dignité, il revient au bien-être : la grande industrie, agent redoutable d’aristocratie et de paupérisme, devient à son tour un des principaux organes de la liberté et de la félicité publique.

Les lois de l’économie sociale, nos lecteurs doivent le comprendre maintenant, sont indépendantes de la volonté de l’homme et du législateur : notre privilége est de les reconnaître, notre dignité d’y obéir.

Cette reconnaissance et cette soumission, dans l’état actuel de nos préjugés, et sous l’empire des traditions qui nous obsèdent, ne peuvent s’effectuer que du consentement mutuel des citoyens, en un mot, par un contrat. Ce que nous avons fait pour le crédit, l’habitation, l’agriculture, nous devons le faire pour la grande industrie : ici, comme ailleurs, l’autorité législative n’interviendra que pour dicter son testament.

Posons donc les principes du pacte qui doit constituer cette nouvelle puissance révolutionnaire.

La grande industrie peut être assimilée à une terre nouvelle, découverte ou créée tout à coup, par le génie social, au milieu de l’air, et sur laquelle la société envoie, pour en prendre possession et l’exploiter au profit de tous, une colonie.

Cette colonie sera donc régie par un double contrat : le contrat qui lui donne l’investiture, établit sa propriété, fixe ses droits et ses obligations envers la mère-patrie ; le contrat qui unit entre eux ses divers membres, et détermine leurs droits et leurs devoirs.

Vis-à-vis de la Société, dont elle est une création et une dépendance, la compagnie ouvrière s’engage à fournir toujours, au prix le plus près du revient, les produits et services qui lui sont demandés, et à faire