Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/286

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supprimé ou seulement de 1 /4 ou 1/2 p. %, je me prononce pour le libre-échange.

C’est, dis-je, comme conséquence de l’abolition de l’intérêt, non autrement, que je propose le libre-échange même sans réciprocité, et voici sur quoi je me fonde.

Si demain, par aventure, la Banque de France réduisait le taux de ses escomptes à 1/2 p. %, intérêt et commission compris, tout aussitôt les fabricants et commerçants de Paris et des provinces, qui n’auraient pas crédit à la Banque, s’efforceraient dans leurs négociations de s’en procurer le papier, puisque ce papier, reçu au pair, ne coûterait que 1/2 p. %, au lieu de 6, 7, 8 et 9 que coûtent les écus chez les banquiers.

Mais ce ne seraient pas seulement les négociants français qui se livreraient à cette spéculation, ceux de l’étranger y auraient aussi recours. Le papier de France ne coûtant que 1/2 p. %, tandis que celui des autres États coûterait dix et douze fois autant, la préférence serait acquise au premier ; tout le monde aurait avantage à se servir de cette monnaie pour ses payements.

Pour avoir de ce papier en plus grande quantité, les producteurs du dehors diminueraient donc le prix de leurs marchandises, ce qui augmenterait la quantité de nos importations. Mais comme les billets de la Banque de France ne pourraient plus servir ni à acheter des rentes, puisque nous avons liquidé la dette de l’État, ni à prendre hypothèque sur le sol national, puisque nous avons liquidé les hypothèques et réformé la propriété ; comme ces billets ne pourraient être employés qu’en payement de nos propres produits, il est clair qu’alors nous n’aurions plus à nous protéger contre les importations de l’étranger, nous y trouverions au contraire le plus grand intérêt. Le rapport serait interverti ; ce ne serait plus à nous de modérer nos achats,