Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/288

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naire telle qu’elle résulte de l’opposition du Contrat social au Gouvernement. Assez longtemps la politique a été pour les juristes une pierre d’achoppement ; et ce n’est pas sans raison que le paysan comme le soldat, les voyant à l’œuvre, se moque de leur éloquence et de leur patriotisme. Que peut-il y avoir de commun entre l’homme du Droit et la pratique du Pouvoir ? Le retour au despotisme s’est consommé, il y a cinquante-deux ans, par l’expulsion des avocats : c’était justice. La Constitution de l’an V était pour eux une mauvaise cause. Dès lors qu’ils admettaient le principe du gouvernement, ils devaient céder la place à l’homme gouvernemental par excellence ; la raison juridique n’avait que faire dans l’exercice de l’autorité.

Qu’il me soit permis, en terminant cette étude, de répondre un mot au reproche d’orgueil qui m’a été si souvent et si sottement adressé à propos de la devise que j’ai placée en tête de mon livre des Contradictions, Destruam et œdificabo, je détruis et j’édifie.

Cette antithèse, tirée du Deutéronome, n’est autre chose que la formule de la loi révolutionnaire qui sert de base au présent écrit, savoir, que toute négation implique une affirmation, et que celui-là seul est vraiment réparateur, qui est vraiment démolisseur.