Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/314

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ne le voyons que trop : si les gens de justice se montrent impitoyables à l’égard des socialistes, c’est que le socialisme est la négation de la fonction juridique, comme de la loi qui la détermine. Quand le juge prononce sur le sort d’un citoyen prévenu, d’après la loi, d’idées, de paroles ou d’écrits révolutionnaires, ce n’est plus un coupable qu’il frappe, c’est un ennemi. Par respect de la justice, supprimez ce fonctionnaire, qui, en faisant droit, combat pour sa toge et son foyer.

Du reste, la voie est tracée ; les tribunaux de commerce, les conseils de prud’hommes, les constitutions d’arbitres et les nominations d’experts si fréquemment ordonnées par les tribunaux, sont autant de pas déjà faits vers la démocratisation de la justice. Pour mener le mouvement à fin, il suffit d’un décret donnant autorisation d’informer et jugement exécutoire à tous arbitrages, constitués à la demande de parties quelconques.


4. Administration, police.


Tout est contradiction dans notre société : c’est pourquoi nous ne pouvons venir à bout de nous entendre et nous sommes toujours prêts à nous livrer bataille. L’administration publique et la police vont nous en offrir une nouvelle preuve.

S’il est une chose qui paraisse aujourd’hui, à tout le monde, inconvenante, sacrilége, attentatoire aux droits de la Raison et de la Conscience, c’est un gouvernement qui, usurpant le domaine de la foi, aurait la prétention de réglementer les devoirs spirituels de ses subordonnés. Même aux yeux des chrétiens, une