Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/327

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ple tirent de leurs charges. Et c’est afin de s’assurer à tout jamais cette immense curée, c’est pour prévenir toute velléité de réforme et d’émancipation chez le maître, que lesdits serviteurs l’ont fait déclarer, par lui-même, en minorité perpétuelle, et interdire de ses droits civils et politiques.

Le pire de ce système, c’est moins encore la ruine inévitable du maître, que la haine et le mépris que lui portent ceux qui le servent, et qui, ne le connaissant point, n’ayant affaire qu’avec ses premiers intendants, de qui ils tiennent leurs emplois, dont ils reçoivent la direction, s’attachent à ces subalternes, et prennent en toute occasion leur parti contre le souverain.

Attaquant de front ce régime, nous avons dit :

Le Peuple est un être collectif.

Ceux qui l’exploitent depuis un temps immémorial et le tiennent en servitude, se fondent sur cette collectivité de sa nature pour en déduire une incapacité légale qui éternise leur despotisme. Nous, au contraire, nous tirons de la collectivité de l’être populaire la preuve qu’il est parfaitement et supérieurement capable, qu’il peut tout, et n’a besoin de personne. Il ne s’agit que de mettre en jeu ses facultés.

Ainsi, à propos de la dette publique, nous avons fait voir que le Peuple, précisément parce qu’il est multiple, pouvait très-bien organiser son crédit en lui-même, et n’avait que faire d’entrer en relations avec des usuriers. Et nous avons coupé court aux dettes : plus d’emprunts, plus de grand-livre, partant plus d’intermédiaires, plus d’État entre les capitalistes et le Peuple.

Le culte a été traité de même. Qu’est-ce que le prêtre, avons-nous demandé ? un intermédiaire entre le Peuple