Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

obtenu par ce traitement ? Rien de timide, en général, comme les hommes voués à l’éducation de la jeunesse ; le gouvernement, avec ses frictions jésuitiques, les a rejetés tous dans la Révolution.

Puis ce fut le tour de l’armée.

Sortie du peuple, recrutée chaque année dans son sein, en contact perpétuel avec lui, rien ne serait moins sûr, en présence du peuple soulevé et de la constitution violée, que son obéissance. Une diète intellectuelle, l’interdiction de la pensée, de la parole, de la lecture, en matière politique et sociale, jointe à un isolement complet, furent prescrits. Aussitôt que dans un régiment apparaît le moindre symptôme de contagion, il est immédiatement épuré, éloigné de la capitale et des centres populeux, envoyé disciplinairement en Afrique. Il est difficile de connaître l’opinion du soldat : ce qui est sûr, au moins, c’est que le régime auquel il est depuis plus de deux ans soumis, lui a prouvé, de la manière la moins équivoque, que le gouvernement ne veut ni de la République, ni de la Constitution, ni de la liberté, ni du droit au travail, ni du suffrage universel ; que le plan des ministres est de rétablir en France l’ancien régime, comme ils ont rétabli à Rome le gouvernement des prêtres, et qu’ils comptent sur lui !… Le soldat, sournois, avalera-t-il cette potion ? Le gouvernement l’espère : la question est là !…

C’est à la garde nationale que le parti de l’ordre avait dû, en avril, mai et juin 1848, ses premiers succès. Mais la garde nationale, en combattant l’émeute, n’avait nullement entendu servir la contre-révolution. Plus d’une fois elle le donna à entendre. Elle fut jugée malade. Sa dissolution, d’abord, son désarmement, ensuite, non pas en masse, la dose serait trop forte,