Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/343

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même pour toutes les nations ; le pouvoir local n’a de privilége que ses frais de police, que lui remboursent les colons et les indigènes.

Il existe encore parmi nous des chauvins qui tiennent absolument à ce que la France reprenne ses frontières naturelles. Ceux-là demandent trop ou trop peu. La France est partout où se parle sa langue, où sa Révolution est suivie, ses mœurs, ses arts, sa littérature, adoptés, comme ses mesures et ses monnaies. À ce compte, la presque totalité de la Belgique, les cantons de Neufchâtel, Vaud, Genève, la Savoie, une partie du Piémont, lui appartiennent ; en revanche, elle devrait perdre l’Alsace, peut-être même une partie de la Provence, de la Gascogne et de la Bretagne, dont les habitants ne parlent pas français, et quelques-uns sont toujours du parti des rois et des prêtres contre la Révolution. Mais à quoi bon ces remaniements ? C’est la manie des adjonctions qui, sous la Convention et le Directoire, souleva la méfiance des Peuples contre la République, et qui, mettant en goût Bonaparte, nous fit aboutir à Waterloo. Révolutionnez, vous dis-je. Votre frontière sera toujours assez large, assez française, si elle est révolutionnaire.

L’Allemagne sera-t-elle un Empire, une République unitaire, ou une confédération ? Ce fameux problème de l’unité germanique, qui a fait tant de bruit il y a quelques années, n’a plus aucun sens devant la Révolution, et cela même est la preuve qu’il n’en a jamais eu. En Allemagne, comme ailleurs, que sont les états ? des tyrannies de différents calibres, fondées sur l’invariable prétexte, d’abord, de protéger la noblesse et la bourgeoisie contre le prolétariat ; ensuite, de maintenir dans leur indépendance les souverainetés locales. Contre ces divisions la démocratie allemande