Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/360

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

thèques, convertissant les loyers et fermages en un remboursement des propriétés, réduisant du premier coup le budget de l’État de sept huitièmes, dégrève la production de 45 p. % de ses frais, restitue à l’ouvrier l’intégralité de son salaire, et conséquemment crée à l’industriel, au sein de la population indigène, un débouché toujours grandissant ? C’est comme si l’on voulait persuader à l’ouvrier qu’il vaut mieux pour lui continuer à perdre 300 francs par an sur son salaire, et recevoir 6 francs pour les 150 qu’il dépose à la Caisse d’épargne. Non, non : un pareil aveuglement ne saurait durer ; et le jour, demain peut-être, où cet aveuglement se dissipera, sera le jour de la Révolution.

Les adversaires de la Révolution, nous les connaissons tous : ce ne sont ni les paysans, ni les ouvriers, ni les commerçants, ni les industriels, ni les petits propriétaires. Ce ne seraient pas même les capitalistes, si, calculant l’essor industriel qui doit suivre la réforme du crédit, ils comprenaient qu’en face des immenses besoins à satisfaire la commandite peut leur offrir, pendant bien des années encore, un plus fort revenu que l’escompte des banques, le placement sur hypothèque et sur l’État.

Les adversaires de la Révolution sont ceux qui vivent de préjugés, encore plus que de parasitisme ; ce sont ceux surtout qui, moins aveugles que le vulgaire des conservateurs, moins incertains de la Révolution que les révolutionnaires eux-mêmes, spéculent, jouent, si j’ose ainsi dire, à la baisse des vieilles institutions, entretiennent la résistance afin de ménager l’agiotage, et à chaque faux pas de la résistance, à chaque progrès du mouvement, escomptent un nouveau bénéfice. Ces chefs de file du jésuitisme, de la