Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/94

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Je commence par l’Association.

Si je ne voulais que flagorner le prolétariat, la recette ne serait pas difficile. Au lieu d’une critique du principe sociétaire, je ferais un panégyrique des sociétés ouvrières ; j’exalterais leurs vertus, leur constance, leurs sacrifices, leur esprit de charité, leur merveilleuse intelligence ; je célébrerais les miracles de leur dévouement, je préconiserais leurs triomphes. Que n’aurais-je point à dire sur ce sujet, cher à tous les cœurs démocrates ? Les sociétés ouvrières ne servent-elles pas en ce moment de berceau à la révolution sociale, comme les communautés évangéliques servirent jadis de berceau à la catholicité ? ne sont-elles pas l’école toujours ouverte, à la fois théorique et pratique, où l’ouvrier apprend la science de la production et de la distribution des richesses ; où il étudie, sans livres et sans maîtres, d’après sa seule expérience, les lois de cette organisation industrielle, but final de la révolution de 89, que n’entrevirent seulement pas nos plus grands et nos plus fameux révolutionnaires ? Quel texte, pour moi, aux manifestations d’une sympathie facile, qui pour être toujours sincère, je le suppose, n’en est pas pour cela plus désintéressée ! Avec quel orgueil je rappellerais que moi aussi j’ai voulu fonder une association, plus qu’une association, l’agence centrale, l’organe circulatoire des associations ouvrières ! Et comme je maudirais ce gouvernement, qui, sur un budget de 1500 millions, ne trouve pas un centime dont il puisse disposer en faveur des pauvres travailleurs !…

J’ai mieux que cela à offrir aux associations. Je suis convaincu qu’à cette heure elles donneraient cent compliments pour une idée, et ce sont des idées que je leur apporte. Je refuserais leurs suffrages, si je ne