Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/190

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manière égale. Et je conclus : Donc on ne combat pas le paupérisme avec des déplacements ; on ne crée pas la richesse au moyen des péculations ; on ne procure pas l’abondance a l’aide de traités de commerce : le mot de l’Empereur est vrai mot d’Évangile. La manière de combattre le paupérisme, c’est d’instruire le peuple, de lui enseigner, comme firent Jésus-Christ et avant lui Pythagore, le travail et la tempérance, et de faire droit.

Ainsi le paupérisme, si sensible déjà dans la société française sous le gouvernement de Louis-Philippe, alors que le cinq pour cent était à cent seize francs, est devenu plus intense par les moyens mêmes dont on s’est servi pour le combattre, et dont le seul résultat a été de mettre, pour tout le monde, la dépense hors de proportion avec le revenu. Que l’empirisme, qu’un faux esprit de conservation essaient de dénaturer ces faits et de nier les conséquences auxquelles ils conduisent, ils sont dans leur rôle : la faute leur appartient. Mais que la nation, après une telle expérience, persiste dans la voie fausse où la routine l’a engagée, c’est ce qui aurait droit d’étonner, bien que nous vivions dans un siècle où l’on ne doive, en fait de déraison, s’étonner de rien.

J’arrive à la question difficultueuse. Le paupérisme est constitutionnel et chronique, en France comme partout : ce fait peut être considéré comme acquis. Il s’est aggravé depuis trente ans par les fausses mesures, tantôt politiques, tantôt économiques, dans lesquelles se sont engagés les gouvernements. Est-il vrai pour cela de prétendre qu’il a été la cause des guerres de Crimée et de Lombardie, pas plus que de l’occupation d’Ancône et du siége d’Anvers ? Est-il possible d’admettre qu’une semblable considération se soit fait jour dans les conseils de l’État, que ce soit pour faire diversion à la misère nationale que l’empe-