Page:Proudhon - La Pornocratie, ou les Femmes dans les temps modernes.djvu/112

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elle n’a produit rien qui vaille. Je m’irritais en moi-même de voir une jeune femme exposée aux regards, s’enivrant des applaudissements du public, plus qu’elle ne faisait sans doute de l’approbation de son mari et des caresses de ses enfants. Il me semblait alors que si j’avais été le conjoint responsable de cette lauréate, je lui aurais dit, lorsqu’elle serait venue me présenter sa couronne : « Madame, vous avez envoyé vos vers au concours malgré ma prière ; vous avez paru à la séance de l’Académie contre ma volonté. La vanité vous étouffe, et fera notre malheur à tous deux. Mais je ne boirai pas le calice jusqu’à la lie. À la première désobéissance, quelque part que vous vous réfugiez, je vous réduirai à l’impuissance de vous remontrer et de faire parler de vous... » Et comme je l’aurais dit, je l’aurais fait. Dans une société où la loi ne protège pas la dignité du chef de famille, c’est au chef de famille à se protéger lui-même. En pareil cas, j’estime, comme le Romain, que le mari a sur la femme droit de vie et de mort.

La pire espèce d’affranchie est la femme esprit fort, celle qui se mêle de philosopher, qui, aux travers habituels de l’affranchissement, à l’horreur du mariage, joint les prétentions d’une doc-