Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/102

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jouira d’une stabilité inaltérable. Et c’est pour parvenir à ce but que les jésuites conseillent aux rois de l’Europe, notamment à Louis-Napoléon, de replacer définitivement, chacun dans ses états, le trône à l’abri de l’autel, et de se coucher avec leurs armées en travers de l’histoire, dans laquelle, disent-ils, et non sans raison, il n’y a de salut que pour les révolutionnaires.

En sorte que, d’après les jésuites, il faudrait rejeter comme apocryphes, et ne pouvant induire qu’à une science illégitime, les quatre-vingt-dix-neuf centièmes de l’histoire ; prendre le gouvernement ecclésiastique, tel qu’il s’est manifesté de Grégoire VII à Boniface VIII, pour formule unique de l'ordre dans l’humanité. Et comme la véritable autorité se trouve là où est la véritable formule, le Pape redeviendrait, comme au moyen âge, le chef suprême des princes, l’arbitre spirituel et temporel de tous les gouvernements. La restauration de l’Eglise donc, voilà, voilà, disent-ils, la vraie révolution ; la théocratie , voilà le vrai socialisme. Comme ce prédicateur en plein vent, qui se voyait abandonné de son auditoire pour un spectacle de polichinelle, établi en face de sa chaire, ils nous crient, en agitant leurs crucifix de bronze : Ecco, ecco il vero pulcinello !

On a tant fait pour le clergé, pour tous les clergés depuis quatre ans, qu’à bon droit chacun des cultes que l’état subventionne a pu en concevoir l’espoir d’une résurrection. L’affaiblissement même des mœurs que l’histoire signale aux époques de transition, et la confusion des idées, viennent en aide à l’utopie théocratique. Dans l’indécision des